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Les « Frankenvirus » au cœur des débats, après l’émergence du Covid-19

Les expériences visant à rendre plus dangereux des pathogènes au prétexte d’anticiper leur émergence se multiplient, alors que les experts sont divisés sur les bénéfices et les risques liés à ces manipulations. La discussion est d’autant plus vive que de telles expérimentations avaient cours à Wuhan, épicentre de la pandémie de Covid-19, dont on ignore toujours l’origine.

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Publié le 07 novembre 2022 à 17h55, modifié le 08 novembre 2022 à 09h49

Temps de Lecture 13 min.

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Shi Zhengli au laboratoire P4 de l’Institut de virologie de Wuhan (Chine), en 2017. Surnommée « Bat Woman », la virologue chinoise a dirigé de nombreux travaux de manipulation de coronavirus prélevés sur des chauve-souris.

Boston pourrait-il devenir le prochain Wuhan, les arcades touristiques du Quincy Market jouant le rôle de détonateur qui fut celui du marché de Huanan dans la pandémie de Covid-19 ? La question, mi-sérieuse mi-provocatrice, est posée sur Twitter le 18 octobre par Alina Chan, biologiste moléculaire au réputé Broad Institute du MIT, dans la foulée de la prépublication d’une expérience sur le serveur BioRxiv.

Des chercheurs de Boston University y relatent la fabrication d’un SARS-CoV-2 chimérique, combinant l’hypercontagieux mais peu virulent variant Omicron avec un variant bien plus meurtrier (mais moins contagieux), datant du début de la pandémie. Résultat ? Un pathogène pire que chacun de ses deux géniteurs : meurtrier, car capable d’infecter le poumon profond, et contagieux, car capable d’échapper plus efficacement au système immunitaire.

Cette expérience a contribué, avec une série d’autres publications récentes, à enflammer la communauté des virologues, qui se déchire désormais de plus en plus ouvertement sur la question des risques biologiques : qu’est-ce qu’une expérience dangereuse ? A qui appartient-il de le décider et selon quel processus ? Jamais ces questions n’ont semblé aussi pressantes, ni n’ont autant clivé la virologie. Il faut dire que la pire pandémie du XXIe siècle, celle du Covid-19, est passée par là et a profondément renouvelé cette controverse, lui donnant une ampleur, une acuité et une urgence inédites. Ses conséquences pourraient changer au niveau international les pratiques de la virologie, voire, au-delà, de toutes les sciences de la vie.

Jeu dangereux du « gain de fonction »

Certes, en apparence, le débat n’est pas vraiment nouveau – d’autant que l’histoire de la virologie est émaillée d’accidents et de fuites de laboratoires, même parmi les plus sécurisés –, mais il a désormais changé d’échelle. Les expériences de recombinaison, de mutation et de « réécriture » de virus (sans même parler des infections de cultures de cellules humaines ou de souris « humanisées ») sont devenues en quelques années extrêmement banales ; et parmi elles, celles qui augmentent la dangerosité des pathogènes sont nombreuses. Les spécialistes qualifient pudiquement ces dernières d’expériences de « gain de fonction » pour indiquer que le pathogène modifié acquiert ou développe une propriété problématique : contagiosité, virulence, évasion immunitaire ou médicamenteuse. Lorsque ces virus aggravés ont un potentiel pandémique, ils sont souvent désignés par le terme moins euphémisé de « Frankenvirus ».

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