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Tensions gréco-turques : la Turquie a mené des exercices militaires avec la marine américaine

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a averti qu’il ne ferait « aucune concession » pour défendre ses intérêts gaziers.

Le Monde avec AFP et Reuters

Publié le 26 août 2020 à 13h52, modifié le 26 août 2020 à 22h38

Temps de Lecture 4 min.

Les tensions gréco-turques s’aggravent un peu plus, mercredi 26 août, concernant la délimitation de zones maritimes riches en hydrocarbures en Méditerranée orientale. Des navires militaires turcs ont mené des exercices militaires avec un destroyer américain en Méditerranée orientale, a annoncé Ankara, photos des bâtiments de guerre postées sur Twitter par le ministère de la défense à l’appui.

Ce dernier n’a pas fourni davantage de précisions sur cet exercice. Ces manœuvres interviennent en pleine escalade des tensions entre Ankara et Athènes en Méditerranée orientale, où la découverte d’importants gisements gaziers ces dernières années a aggravé des disputes anciennes entre ces deux pays voisins concernant leurs frontières maritimes.

Elles « n’aident pas » à la désescalade prônée par l’Allemagne, qui assure la présidence tournante de l’Union européenne, a estimé la ministre allemande de la défense Annegret Kramp-Karrenbauer, à l’issue d’une réunion des ministres de la défense de l’Union européenne à Berlin. Sur le terrain, la situation semble en effet explosive, Ankara et Athènes, deux membres de l’OTAN aux relations historiquement délicates, ayant mené mardi et mercredi des manœuvres navales rivales.

La France et l’Italie ont aussi déployé des forces militaires en Méditerranée orientale mercredi pour un exercice commun avec la Grèce et Chypre. « Chypre, la Grèce, la France et l’Italie se sont mis d’accord pour déployer une présence commune en Méditerranée orientale dans le cadre de l’initiative quadripartite de coopération », a annoncé mercredi le ministère de la défense grec.

En dépit des appels à la désescalade provenant de l’Europe, des Etats-Unis et de l’OTAN, le président turc a mis en garde la Grèce mercredi lors d’un discours martial. « La Turquie ne fera aucune concession pour défendre ses intérêts gaziers en Méditerranée orientale », a-t-il affirmé, appelant la Grèce à se garder de commettre toute « erreur » qui mènerait à sa « ruine ».

« La Grèce est prête à une désescalade significative à condition que la Turquie arrête immédiatement ses actions de provocation », a déclaré mercredi soir le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, au président américain Donald Trump, lors d’un entretien téléphonique.

Pas un « terrain de jeu »

La France a averti mercredi la Turquie que la Méditerranée orientale ne pouvait pas constituer « un terrain de jeu » pour des « ambitions » nationales. « La Méditerranée ne doit pas être un terrain de jeu des ambitions de certains ; c’est un bien commun »« le respect du droit international doit être la règle et non l’exception », a déclaré la ministre des armées française, Florence Parly, dans un Tweet.

La France a engagé trois avions de chasse Rafale, une frégate et un hélicoptère dans l’exercice commun, selon la ministre des armées. Elle avait déjà déployé temporairement deux chasseurs Rafale et deux bâtiments militaires le 13 août pour un exercice conjoint avec la marine grecque.

Le ministère grec a fait savoir que des forces navales et aériennes chypriotes, grecques, françaises et italiennes seraient en manœuvre en Méditerranée orientale. « Les tensions et l’instabilité en Méditerranée orientale ont accru les disputes sur les questions d’espace maritime (limitations, migrations, flux, etc.) », selon un communiqué du ministère grec.

La découverte ces dernières années d’importants gisements gaziers en Méditerranée orientale suscite de vives tensions entre Ankara et Athènes, qui se disputent certaines zones maritimes. La petite île grecque de Kastellorizo, située à 2 km au large de Kas (province turque d’Antalya), cristallise la colère turque. Selon Athènes, les eaux entourant cette île sont sous souveraineté grecque, ce qui priverait Ankara de dizaines de milliers de kilomètres carrés de mer riche en gaz.

Depuis le 10 août, la Turquie a déployé son bâtiment sismique Oruç Reis accompagné de forces navales, provoquant l’ire de la Grèce qui a riposté en envoyant ses propres bâtiments. Selon Athènes, le déploiement de l’Oruç Reis – visant à mener des explorations d’hydrocarbures au large de la petite île grecque de Kastellorizo – est « une violation de sa souveraineté ».

Tentative de dialogue

« Les tensions et les tentatives de déstabilisation de la Méditerranée orientale (…) ont atteint un pic », estime pour sa part le ministère de la défense chypriote, dans un communiqué. Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, avait prévenu mardi que « la moindre étincelle peut conduire à une catastrophe ».

Dans ce climat de tensions à un stade « très critique », l’Allemagne qui assure la présidence semestrielle de l’Union Européenne, a prôné mardi à Athènes et à Ankara « la désescalade » et « le dialogue » entre les deux pays membres de l’Otan. « Personne ne veut régler ce différend par des moyens militaires », a déclaré le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, en soulignant qu’« il y a une volonté de dialogue des deux côtés ».

La Grèce a entrepris un marathon diplomatique auprès de ses partenaires européens et des Etats-Unis pour faire pression sur la Turquie. Le ministre des affaires étrangères grec, Nikos Dendias, s’est dit « prêt au dialogue », mais pas « sous un régime de menaces ». Son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, a répondu qu’Ankara « était prêt à un dialogue sans conditions préalables en vue d’un partage équitable ».

Selon le ministère grec, cette initiative quadripartite « va contribuer à une présence aéronautique militaire renforcée dans la région, fondée sur la compréhension mutuelle, le dialogue et la coopération ». La première étape de cette initiative commune, baptisée « Evnomia », sera la concentration de moyens aériens et navals mais aussi d’effectifs de ces quatre pays dans le sud-est de la Méditerranée.

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Le différend gréco-turc sera à l’ordre du jour d’un conseil des ministres des affaires étrangères de l’UE jeudi et vendredi, à Berlin.

Le Monde avec AFP et Reuters

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