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  • Hadj Miliani (1951-2021), suivi de Le théâtre radiophonique dans l’Algérie coloniale, par Hadj Miliani
  • Guy Dugas

Hadj Miliani (1951-2021)

Ayant animé avec lui quelques jours plus tôt un séminaire doctoral sur le patrimoine écrit d'Algérie, il m'a été très difficile d'admettre, lorsque je l'ai apprise par les réseaux sociaux, la brutale disparition de Hadj. Satané virus !

Universitaire atypique, plus jeune que moi d'une année seulement, Hadj Miliani fut de tous les combats de notre génération : militant syndicaliste, engagé dans les mouvements estudiantins des années 70 comme plus tard dans le hirak, il était commissaire du Festival national de la chanson raï dont il était devenu l'un des meilleurs spécialistes au monde. Comparatiste ouvert à toutes les formes d'expression, il se passionnait tout autant pour le cinéma que pour le théâtre qu'il pratiquait en amateur.

Au sein de l'université algérienne, dans un contexte de forte évolution des enseignements vers un français toujours moins littéraire, il défendait passionnément notre discipline et, depuis plus de vingt ans, nous nous retrouvions souvent à batailler pour les mêmes causes, à soutenir les mêmes dossiers ou à partager les mêmes missions au sein de l'École doctorale algéro-française de français, puis du réseau de coopération interuniversitaire LaFEF, dont il était le très actif co-responsable algérien. Audelà des réunions semestrielles du réseau, le plus souvent à Alger ou à Rennes, mais aussi quelquefois à Oran ou Biskra, je ne compte plus les colloques auxquels nous nous sommes respectivement invités à Guelma, Oran, Montpellier ou encore Clermont-Ferrand, ou auxquels nous avons [End Page 191] participé côte-à-côte. Lui-même aurait souhaité m'associer à son vaste projet d'inventaire du patrimoine immatériel algérien qu'il venait de lancer au sein du CRASC d'Oran, où il était directeur de recherches.

Mais nos relations dépassaient de beaucoup le cadre universitaire. Tous deux rats de bibliothèques, amoureux des livres et manuscrits tout autant que de leur lecture, nous aimions nous retrouver sur une rive ou l'autre de notre mer commune pour arpenter les rayonnages des bibliothèques publiques ou privées, avant de nous attabler pour partager nos découvertes devant un repas bien arrosé : c'est ainsi que, lors d'un séjour à Oran, il me fit découvrir des archives journalistiques insoupçonnées. Quelques années plus tard et peu de temps avant sa mort, lors de ce qui fut sans doute son ultime voyage en France, je lui rendis la pareille en lui ouvrant les portes du Centre de documentation historique de l'Algérie (CDHA) d'Aix-en-Provence, où il discuta longuement avec le responsable des fonds.

Tenté par l'écriture littéraire mais très pudique sur ses propres créations, il lui plaisait que je me sois aventuré à composer quelques pièces de théâtre. Je me souviens qu'il s'était de lui-même proposé, dans l'un de ses éclats de rire si caractéristiques, pour jouer à mes côtés dans la plus récente, une satire des travers des universitaires à laquelle il ne pouvait que souscrire et où il souhaitait tenir le rôle de D'jha. Hélas, notre projet d'une tournée en Algérie échoua et Oran est bien loin des villes françaises où la pièce fut représentée… Dommage car, avec sa dégaine et son petit chapeau, Hadj aurait fait un D'jha détonnant !

Attentif à l'action éditoriale que je m'efforce de mener en Algérie, Hadj fut également un des premiers à participer à ma collection de « Petits inédits maghrébins » en y publiant (PIM n° 2, 2018) une pièce de théâtre d'Abdelkader Hadj Hamou, L'Offense, qu'il avait dénichée dans les réserves de la BnF. Datant de 1910, cette œuvre de jeunesse jamais publiée ni représentée nous conduit, comme il le rappelle dans la lumineuse présentation qu'il...

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