Abstract

Abstract:

This article focuses on the enfumades in Assia Djebar's well-known novel, L'Amour, la fantasia, published in 1985. In the chapter "Femmes, enfants, bœufs couchés dans les grottes", Djebar mentions a tragic event of the French colonial conquest of Algeria. In June 1845, the general Aimable Pélissier ordered the French army to start a fire at the entrance of the Dahra caves, located in Northwest Algeria, to exterminate the Amazigh Ouled-Riah tribe. To write on the enfumades, Djebar had to read the French military archives, made up of soldiers' letters and reports. However, the archives of the French army on the enfumades are incomplete for Djebar, who faced the lacking testimonies of the Ouled-Riah. In fact, the military narratives offer a reduced narrative of the enfumades from a unique military point of view, which proceeds to the double erasure of the Algerian and Amazigh Ouled-Riah history narratives during the French colonial quest. My reading of the text argues that the Dahra caves are not passive witnesses of the massacre. They embody an ecological resistance – they are agents of history. Indeed, Djebar turns to the mineral to disclose a narrative of the enfumades that remembers those who were asphyxiated. As she compares herself to a speleologist in the archives, she proceeds to mineral unarchiving, an un-earthing gesture that retrieves the memory of those who perished in the enfumades. In the text, mineral unarchiving reclaims land and memory and gives back narratives that are dug into the layers of the Dahra caves. In decentering archives from a colonial predominance and an anthropocentric framework, Djebar opens a space for reflection through mineral unarchiving, as geology unearths the memory of the massacre to offer a counter-narrative to the archives of the French army. In Djebar's text, the mineral element is an agent of history that remembers the enfumades and the Ouled-Riah beyond human-centered archival chronology and linearity.

Résumé:

Cet article se concentre sur l'épisode des « enfumades » dans le célèbre roman d'Assia Djebar, L'Amour, la fantasia, publié en 1985. Dans le chapitre « Femmes, enfants, bœufs couchés dans les grottes », Djebar mentionne un épisode tragique de la colonisation française en Algérie. En juin 1845, le général Aimable Pélissier a ordonné à l'armée française d'allumer un feu à l'entrée des grottes du Dahra situées dans le nord-ouest du pays, afin d'exterminer la tribu Amazigh des Ouled-Riah. Pour à son tour écrire sur les enfumades, Djebar a dû lire les archives militaires françaises, surtout les lettres et les rapports des soldats. Cependant, les archives de l'armée sont incomplètes pour Djebar, qui fait face à l'absence de témoignages des Ouled-Riah. En effet, se concentrer uniquement sur les archives militaires revient à privilégier un récit réduit des enfumades, et contribue à l'effacement à la fois de l'histoire des Ouled Riah et de l'Algérie pendant la colonisation. Ma lecture de ce texte soutient que les grottes du Dahra ne sont pas des témoins passifs de ce massacre. À l'inverse, elles incarnent une résistance écologique et deviennent agents de l'histoire dans le récit. Dès lors, Djebar se tourne vers le minéral pour rendre compte de la violence des témoignages de ceux et celles asphyxiés par les enfumades. Alors qu'elle se compare à une spéléologue lors de ses recherches dans les archives, elle désarchive les récits enfouis dans les grottes et révèle au grand jour la mémoire de ceux et celles qui ont péri dans les enfumades. Dans le texte, ce geste de désarchivage minéral se réapproprie un territoire et une mémoire pour rendre compte des récits étouffés et enfouis dans les strates des grottes du Dahra. En décentrant les archives de leur prédominance coloniale et anthropocentrique, Djebar laisse la place au minéral qui livre la mémoire du massacre pour penser un récit différent de celui des archives de l'armée française. Dans ce récit, l'élément minéral est un agent de l'histoire qui porte la mémoire des enfumades et des Ouled-Riah au-delà des limites chronologiques, linéaires et proprement humaines des archives.

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