Les Hauts-de-Seine vont aménager plus de 40 km de pistes cyclables pour le déconfinement

Le conseil départemental a arrêté son plan de pistes destinées à soulager les transports en commun. Il doit s’articuler avec celui de la région et ceux des communes.

 Le tronçon entre Antony et Massy sur l’ancienne N 20, désormais appelée RD920, a été fraîchement inauguré en février.
Le tronçon entre Antony et Massy sur l’ancienne N 20, désormais appelée RD920, a été fraîchement inauguré en février. LP/C-E.AK

    Tout vient à point à qui sait attendre. Après que le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis ont ouvert la voie le mois dernier, le conseil départemental des Hauts-de-Seine dévoile son propre plan de pistes cyclables temporaires pour préparer la sortie du confinement.

    L'objectif est d'aménager 40 km de nouvelles pistes cyclables en bidirectionnel (soit 80 km au total), qui soulageraient les itinéraires de transport en commun les plus chargés : les RER A et B, les métros 1, 4 et 13, ainsi que le tramway T2. Soit un plan calqué sur celui du RER vélo de la région Ile-de-France et des associations de cyclistes.

    La moitié des pistes temporaires pour fin mai

    « Les commandes fournisseurs sont en cours pour engager les travaux au plus tôt. La réalisation s'échelonnera sur plusieurs semaines », indique le conseil départemental. Au moins la moitié des pistes cyclables seront prêtes pour fin mai, le reste d'ici fin juin.

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    Priorité est donc donnée aux routes qui suivent le tracé des lignes de transport. Sont concernées les RD920 (RER B), la RD911 (nord de la ligne 13), ou encore le boulevard circulaire de La Défense.

    Concernant leur aménagement, ce sera au cas par cas, selon la physionomie des routes et les éventuels chantiers en cours. « Il ne suffit pas toujours de mettre des plots et un coup de peinture au sol, il faut aussi assurer la sécurité des gens à vélo », résume Georges Siffredi, président (LR) par intérim du département.

    Les écologistes pressaient justement le département de dévoiler un tel plan. « Au vu du retard historique sur le déploiement des infrastructures cyclables dans les Hauts-de-Seine, l'impulsion donnée par les pouvoirs publics est une opportunité à ne pas rater », estimaient, dans un communiqué publié lundi dernier, les instances départementales d'Europe Ecologie Les Verts (EELV).

    S'il réfute la mollesse des Hauts-de-Seine sur la question, Georges Siffredi reconnaît que le travail s'était souvent fait en ordre dispersé. « Avec la région, les territoires et les villes, nous allons essayer de faire un maillage cohérent, car il y a parfois des pistes discontinues dans une même ville, souligne l'élu. La continuité n'est pas parfaite, mais avec l'évolution des mœurs, nous allons y aller progressivement. »

    « L'automobiliste doit laisser un peu de place au vélo »

    Dans ce contexte, la RD910 pourrait bien redevenir une « voie royale » pour les cyclistes. C'était le souhait de Catherine Candelier, conseillère municipale EELV de Sèvres, qui a milité pour qu'une partie de cette route, où la circulation est très dense, soit transformée au plus vite en piste cyclable éphémère. Avec David Ernest, élu EELV de Chaville, ils avaient rédigé un courrier conjoint aux maires de leur commune, tous deux très favorables.

    « L'automobiliste doit comprendre qu'il doit laisser un peu de place au vélo, argue l'élue écologiste. Par ailleurs, les déplacements en transport en commun seront compliqués : peu de bus circuleront, et les gens n'auront pas envie d'être entassés dans le 171, qui relie Versailles au Pont de Sèvres, l'un des plus fréquentés du secteur. »

    Sans oublier que si les lignes L et U du Transilien doivent reprendre ce lundi, c'est dans un mode dégradé. Mais pour voir la D 910 faire une place aux vélos, il faudra attendre encore un peu : l'axe fait partie de ceux qui seront aménagés en juin.

    Des démarches administratives complexes

    Car certaines démarches administratives sont complexes. « La RD 910 touche trois départements, six villes, rappelle Pierre-Christophe Baguet, maire (LR) de Boulogne-Billancourt et président du territoire Grand Paris Seine Ouest. Nous ne sommes pas en retard, mais il y a toujours cette problématique des grands axes… »

    Autre exemple avec la place Marcel-Sembat à Boulogne, sous l'autorité d'un millefeuille d'administrations. « Les défilés passent par là car elle supporte les chars : c'est un axe stratégique national, où l'on ne peut apporter d'aménagement sans l'accord du ministère des Armées, reprend l'élu. Les gens disent y'a qu'à, faut qu'on, mais nous avons besoin de sept ou huit autorisations pour la modifier, même de façon provisoire. »

    Mais le maire le reconnaît : la situation actuelle permettra d'accélérer les démarches. Et Georges Siffredi, lui, affiche une ambition sur le long terme. « Nous veillerons à ce que le temporaire soit pérennisé, car des sommes importantes sont engagées ».